«Ils envoient ces enfants en enfer et ils les y envoient seuls»
À 2 ans et une semaine, ma fille a fait son premier pipi sur le pot. Pour s’exécuter, elle a requis ma présence à côté d’elle. Alors, je me suis assise à califourchon à côté du pot et j’ai fait le bruit du pipi pour l’accompagner, « psssshiiiiiiiiii ». Quand j’ai vu le liquide jaunâtre dans le fond de la fausse toilette blanc et vert, j’ai presque hurlé de fierté. En fait, pas « presque ». Réunis pour un BBQ ensoleillé, mes amis, mon amoureux et moi avons éclaté en félicitations tonitruantes lorsqu’elle a rempli le petit contenant de plastique. Parce que oui, son premier pipi « autonome » était dehors, derrière chez nous, devant tout le monde.
J’ai toujours pensé que j’aurais une enfant sans peur, qui court après les écureuils au parc jusqu’à disparaître loin derrière des arbres, qui grimpe partout et qui fait de mauvais coups. Une enfant qui deviendrait une adolescente indomptable, puis une adulte audacieuse. Aïna préfère qu’on lui prenne la main pour essayer de nouvelles choses. Elle veut que mon amoureux ou moi soyons là pour veiller à ce que tout aille bien, qu’aucune bibitte ne se cache sous la table de pique-nique et qu’on soit bien assis sur la selle avant de partir à vélo.
Alors, nous lui prenons la main, nous l’accompagnons dans son premier pipi et nous éloignons les bibittes. C’est une enfant précautionneuse, qui sera sans aucun doute une adulte courageuse, mais posée et réfléchie. Et peu importe, elle restera toujours mon bébé. Je lui tiendrai la main aussi longtemps qu’il le faudra.
Ces temps-ci, aux États-Unis, on amène des enfants se défendre seuls dans les tribunaux d’immigration.........
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