Le visible et l’invisible
Miroir d’une époque polarisée, le projet de loi 94 (PL94) visant à renforcer la laïcité à l’école et à y consacrer l’égalité hommes-femmes comme valeur fondamentale a donné lieu à un dialogue de sourds. Lectures partiales et raccourcis coupables : chaque clan s’en est tenu aux idées de son camp, illustrant leur incapacité — des syndicats jusqu’au ministre, en passant par les experts, les centres de services scolaires et les directions d’école — à se rejoindre sur le terrain partagé qui est pourtant le leur : assurer le bien des élèves sur cet inélégant champ de bataille.
Les maux qui rongent nos écoles sont devenus si nombreux qu’il faut désormais une litanie — laïque — pour les égrener. Tout ce beau monde s’entend peu ou prou sur leur décompte. Aux pénuries en personnel et en ressources de toutes sortes, aux écoles vétustes et à une égalité des chances tombée en rade, le scandale de l’école Bedford aura ajouté une flopée de menaces qui inquiètent à raison : refus de l’égalité hommes-femmes, déni de laïcité, gouvernance scolaire sans ressort et incompétence pédagogique.
Le PL94 déposé jeudi par le ministre de l’Éducation ne tombe pas du ciel. C’est quasiment un copier-coller de l’ambitieux © Le Devoir
