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La malédiction du Big O

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À la mi-juin, les achigans à petites bouches se trouvent encore dans les parages immédiats de leurs sites de frai, au voisinage des rochers émergés ou affleurants sur les fonds rocailleux non loin du bord. Les achigans sont alors affamés, les mâles surtout, qui ont passé les dernières semaines à monter la garde auprès des œufs qu’ils ont fécondés, puis des alevins, se privant de chasser tout ce temps, sauf pour croquer l’occasionnel intrus.

Le 15 juin, qui tombait le jour de la fête des Pères cette année, chez les petites bouches, si ça se trouve, des géniteurs zélés continuent de surveiller leur trâlée de fretin et d’agresser tout ce qui passe à leur portée, personne ne leur ayant jamais appris que la saison du frai, dans nos eaux, se termine officiellement le 14 à minuit.

Pêchant sans sonar — je laisse ça aux fanas de la grise et du doré, d’ailleurs où pourrais-je bien caser le bidule sur cette coque de pistache de 2,75 m sur 70 cm qu’est mon kayak de pêche ? —, j’aime bien cette période de l’année où la cible de mes lancers se retrouve concentrée le long du granit effrité des rives autour de structures repérables à l’œil nu.

Ce matin de juin, j’avais décidé d’accorder une autre chance au fameux Big O, ce poisson-nageur de type « crankbait » (littéralement : un appât crinqué) qui figure sur la plupart des listes de meilleurs leurres à achigans dressées par les spécialistes de cette pêche dont les mordus semblent condamnés à devenir d’obsédés collectionneurs de bébelles de plastique. Or, le Big O, depuis quelques années, m’avait valu plus de poisse que de poissons.

Il y a deux ans, même lac, même époque de l’année, j’avais échappé les trois achigans leurrés par........

© Le Devoir