La thérapie de Kelly
Dans L’enfant vieux (Boréal, 2025, 272 pages), le sociologue Stéphane Kelly met le doigt sur une vérité dérangeante : la culture thérapeutique dans laquelle nous baignons et qui est censée contribuer à notre santé et à notre bien-être est en train de nous rendre fragiles, malades et dysfonctionnels.
L’ancienne culture, celle qui valorisait la réalisation de soi par l’effort, par la discipline, voire par le sacrifice, a commencé à être disqualifiée dans les années 1960 par des critiques insistant sur son caractère répressif.
Il fallait donc, disait-on, s’en libérer pour plutôt favoriser le bien-être, la santé et la croissance personnelle. L’école, par exemple, devait cesser de fonctionner selon le principe d’une transmission verticale du savoir et s’attacher plutôt à préserver « l’estime de soi » des enfants.
Ce changement social, note Kelly, a eu des effets positifs. Il a mis en valeur l’empathie, a contribué à un plus grand respect des personnes et des groupes marginaux ou minoritaires et nous a sensibilisés à l’importance des émotions dans les relations sociales.
Sa face sombre, toutefois, pèse encore plus lourd dans la balance. « Cinquante ans après avoir installé son hégémonie, écrit Kelly, la culture thérapeutique a créé une société fragmentée, où le ressentiment, la colère et........
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