Dire au revoir
Je te l’avais dit que l’été passerait aussi vite que la vie ! Je suis de retour de vacances et je viens d’enjamber la rentrée avec l’agilité d’une ballerine. Badabim, badaboum. Fournitures scolaires, boîte à lunch, passe de bus, enweille à l’école. Oublie pas d’oublier ton cellulaire, Bernard sera pas content ! « Bruuuh ! Unc a lowkey abusé. Comment je vais goon pendant le midi sans mon phone ? » Traduction ? Ça veut dire : « Mais voyons ! Ce vieux monsieur ministre de l’Éducation m’impose un règlement un tant soit peu abusif. Comment vais-je perdre mon temps à l’heure du dîner sans mon téléphone ? » Merci de m’avoir écoutée, je parle couramment l’adolescent moderne.
On pourrait crier au meurtre, à l’assassinat de Molière ! Vouloir que Bernard Drainville s’attarde prioritairement au français à l’école avant d’y imposer le vouvoiement, qui est déjà en place, ou de s’affoler les deux bras dans les airs du voile de Sanaa, l’éducatrice du groupe des abeilles. Mais je te rassure, les jeunes ont beau maîtriser un jargon bien à eux, ils ont encore de bons profs de français. Les miens en tout cas, pour l’échantillon riquiqui que ça représente, je les vois passer d’un langage à l’autre avec la dextérité d’une pianiste ambidextre. (J’en connais une, je sais de quoi je parle.) Ils sont conscients des niveaux de langue et savent parler leur argot franco-Internet-anglais-arabe-créole et s’adresser au parent........
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