Ça se peut que toute!
Fragments de résistance dans cette époque dingo.
Comme bien des gens, je ventile avec les potes. L’humour nous sauve. Quand Isa me dit : « Ils font ça pour des queues de prunes » avec son accent provençal, quand Marie me cite la motivatrice Brené Brown : « Soft front, strong back, wild heart », quand mon Jé redevenu camembert me dit : « On ne peut pas les atteindre par le pouvoir, car ils en ont trop ; on ne peut pas les atteindre par l’argent, car ils en ont trop ; mais on peut les atteindre par l’ego, car ils en ont trop. » On n’a jamais trop d’amis intelligents.
Y avait qu’à regarder le cirque Macron-Trump jouer cette semaine à leur jeu favori : « Pote et Despote ».
Étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ; voilà l’exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise.
Je vous ai parlé vite fait du petit livre Résister de la journaliste engagée Salomé Saqué. Je suis cette jeune femme de 29 ans depuis un bon moment sur les réseaux sociaux. Dans cet essai, elle aborde plusieurs aspects de la résistance après avoir exposé ce qu’était l’extrême droite. Son livre ne peut être plus actuel. Elle épingle la neutralité journalistique qui a servi le régime nazi lorsque des journalistes étrangers vivant en Allemagne ont normalisé certains gestes et paroles durant l’ascension de Hitler. Elle cite le philosophe Karl Popper, au siècle dernier : « Si nous ne sommes pas préparés à défendre une société tolérante contre l’assaut des intolérants, alors les tolérants seront anéantis, et avec eux la tolérance. » Remplacez « tolérant » par « woke » ?
Elle nous rappelle des phrases célèbres : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire » (Einstein). Elle renoue avec le philosophe Alain, un démocrate antifasciste qui a consacré sa vie à la paix après avoir participé trois ans à la Deuxième Guerre mondiale comme simple soldat et dont il est revenu ébranlé. Salomé s’indigne, nous souligne que le savoir est un pouvoir, que la création fait partie de la résistance. Jane Fonda, dans son discours devant le parterre d’acteurs pour le Screen Actors Guild Life Achievement Award, nous le prouve une fois de plus : « This is big time serious folks ! And it’s not a rehearsal. »........
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