L’apocalypse d’un poète. Hommage à Anthony Phelps.
Le poète Anthony Phelps, figure majeure de la littérature haïtienne et québécoise, s’est éteint en 2025, laissant derrière lui une œuvre puissante marquée par l’exil, la quête identitaire et une profonde dévotion pour la nature. Comparé au peintre québécois Jean Paul Riopelle, qualifié de « trappeur supérieur » par André Breton, Phelps a su fusionner les paysages nordiques du Québec avec les racines caraïbes, créant une écopoétique où le poète de l’exil manie « une langue de sel / sur des peaux de cartographe ». La vastitude de la nature, soupçonnée de violence métaphysique, devient un espace de mémoire et de résistance. Le souffle phelpsien fut happé par les territoires nordiques, antiques méditations qui fournissaient une cohérence continentale à l’insularité caraïbe.
Son exil, à la fois géographique et intérieur, a nourri une ouverture à l’autre qui explore la réconciliation entre l’homme et son environnement. Dans ses poèmes, les montagnes, rivières et arbres d’Haïti côtoient les hivers québécois, épreuve de désidentification symbolisant à la fois la rupture et la possibilité d’une nouvelle appartenance, sans jamais s’écarter des pôles essentiels : le corps, l’amour, le féminin. Phelps, céramiste de formation, a également intégré dans son œuvre les traditions autochtones, comme en témoigne son évocation de l’épluchette de blé d’Inde, une céréale cultivée depuis des millénaires en Amérique.
quelle fête à danser en neuve résidence où répondre présent à la voix du maïs
Le poète, l’être métaphorique, auquel j’ai l’honneur de rendre hommage aujourd’hui se trouve, comme tout artiste........
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