Voter pour les minorités?
En 1864, alors qu’il discute de la poursuite de l’exploitation de la colonie sous une forme à peine renouvelée, John A. Macdonald déclare qu’il se soucie de la protection des minorités. À la conférence de Québec, il en parle. « Nous devons protéger les intérêts des minorités », clame-t-il.
Dans la structure politique canadienne qui se met en place, comment les protéger, ces minorités ? Et d’ailleurs, de quelles minorités parle-t-il, cet homme qui raisonne d’ordinaire le plus souvent en termes ethniques ? Des Autochtones ? Des Canadiens français ? Des Noirs ? Des Juifs ? Des Asiatiques ? Des gens du Moyen-Orient, le Levant comme on disait à l’époque ? Non. Écoutez-le. Les minorités à protéger, affirme ce père fondateur décomplexé, ce sont les riches. Car « les riches sont toujours moins nombreux que les pauvres ».
C’est dit. Les riches auront son bras et son verbe. Ils peuvent compter sur lui. Ces gens, bien gras et confiants, célèbrent à raison Macdonald. Ils ne lui élèvent pas de hauts monuments pour rien. Avec lui, ils voient se former un espace commercial unique qui se superpose à un lieu politique : le Canada. Un pays conçu comme un long marché d’est en ouest, à la manière de son chemin de fer. Une sorte de Chili à l’horizontale. Dans cet espace politique, les hiérarchies sociales et économiques sont vouées à se perpétuer. Elles sont alimentées par le bavardage régulier qui, d’une élection à l’autre, donne à l’ordre établi l’apparence d’un choix.
Cette élection du printemps 2025 constitue la 45e au Canada depuis........
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