Réapprendre l’équilibre
En 1893, Émile Zola estime que « la bicyclette a un rôle social ». L’écrivain constate que le monde qui l’entoure manque de joie. Se démener à pédaler, il éprouve très vite que cela contribue à faire agir autant que sourire. Zola, dit-il, ne s’est jamais senti si bien qu’après une sortie à vélo. Cette fine mécanique lui permet d’expérimenter la notion d’équilibre.
À plus de cinquante ans, imaginez, l’écrivain s’est décidé à apprendre à pédaler. Tenir en équilibre, ce n’est pas si simple. Zola prend le risque de tomber. Mais il est convaincu que la bicyclette, avant dix ans, « on ne la considérera plus comme un instrument de sport ou de plaisir », mais comme une nécessité. Au même titre que le cheval. Alors, il pousse sur les pédales. Comme de raison, il tombe. Il se relève. Et il recommence.
Ce ne sont pas les salons de l’auto qui font alors fureur, mais ceux consacrés au vélo. L’industrie automobile, à peine naissante, s’appuie même sur le vélo pour gagner en popularité. C’est la même chose en Amérique, où les fabriques de vélos se multiplient. Quand le Tour de France est lancé, c’est pour assurer la publicité d’un imprimé dont le nom dit tout de ses préoccupations : L’Auto.
À l’époque, les nouveaux adeptes du vélo, on ne sait même pas comment les nommer. L’engin lui-même, en français, se veut d’abord masculin. On dit volontiers le bicyclette. Certains suggèrent des mots nouveaux pour parler des cyclistes. Pour les femmes en particulier, divers mots sont suggérés, notamment véloceuse, pédalette et........
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