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Philippe Laguë contre la ciguë

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04.03.2025

La radio, disait Orson Welles, c’est exactement comme le cinéma, mais avec un écran plus grand. L’auditeur peut y projeter à sa guise toutes les images qui lui viennent en tête et se constituer un décor inégalable. Ce n’est pas pour rien que, du temps où les buts de Maurice Richard étaient décrits à la radio, ceux-ci étaient toujours les plus beaux.

Après plus de 500 diffusions, l’animateur d’À la semaine prochaine, Philippe Laguë, met un terme à son émission phare. Dans un mois, ce sera terminé. Aussi bien en parler tandis qu’elle vit plutôt que lorsqu’elle sera enterrée, n’est-ce pas ?

Planté devant moi, dans la lumière du nouveau hall de Radio-Canada aux allures de cathédrale, Laguë parle aussi vite que lorsque je l’ai croisé pour la première fois, dans un studio sombre, il y a bien trente ans. Cheveux coiffés en pétard, il a toujours cette énergie bouillante et débordante qui, je crois, l’étonne lui-même.

Depuis 17 ans, petits et grands ont fait d’À la semaine prochaine un rendez-vous hebdomadaire. Que cette émission demeure une des plus écoutées au Canada n’est pas étranger au fait qu’elle se soit beaucoup promenée. De Toronto à Moncton, d’Halifax à Calgary, « on a toujours été reçus comme des rois partout, alors qu’on fait juste de la radio », me dit Laguë de sa voix au débit inimitable. « Les gens étaient heureux de voir qu’on s’intéressait à eux, à leurs réalités. »

Laguë n’a jamais été un employé patenté de la radio de nos impôts. Le jour où on lui a donné sa première chance, il a eu l’impression de sauter sur la glace du Forum. Il........

© Le Devoir