Lettre au roi Charles III
Votre Majesté,
Pour tout vous dire, vous m’inquiétez. Le Canada se trouve menacé à répétition, depuis janvier, par le nouveau locataire de la Maison-Blanche. Vous n’avez pas dit un mot plus haut que l’autre, mais il semble que vous ayez arboré vos médailles canadiennes sur votre torse bombé. Croyez-vous que cela va suffire ?
En février, votre représentante au Canada, la gouverneure générale, a remis à la ronde des médailles à votre effigie. Des médailles, cela comble toujours tout un monde qui ne demande qu’à s’admirer dans un paisible entre-soi. Le métal de toutes vos médailles pourrait-il servir à nous protéger de la rhétorique guerrière qui gagne la terre ?
Vous êtes le roi du Canada. Roi, vous l’êtes aussi de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de la Grenade, de la Jamaïque, de la Papouasie–Nouvelle-Guinée, de Sainte-Lucie et j’en oublie. Dans les Bahamas, vous régnez sur 700 îles. Je ne sais plus où vous étiez lorsque je vous ai vu récemment, comme dans Tintin au Congo, transporté dans une chaise à porteurs.
Si je m’autorise à vous écrire, Majesté, c’est que nous nous sommes déjà rencontrés. Du moins, nos regards se sont-ils croisés. Vous n’étiez encore qu’un modeste prince. Vous ne comptiez, pour vivre, que sur votre duché de Cornwall, cette modeste propriété héritée d’un aïeul qui l’avait faite sienne en 1337. Avec ses revenus annuels de seulement 39 millions de dollars, cette propriété peut être considérée comme le symbole de votre train de vie mesuré. Depuis votre couronnement, la situation s’est bien sûr améliorée. Une enquête conduite par The Guardian estime........
© Le Devoir
