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Les dauphins du fentanyl

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11.03.2025

Sur les plages du Texas, six dauphins se sont échoués. Les analyses de leurs tissus ont révélé la présence de fentanyl. Des chercheurs ont étudié 89 dauphins du golfe du Mexique. (Le « golfe des Amériques », disent ceux dont la masculinité fragile tente de se rassurer.) Que révèlent ces analyses ? Qu’un dauphin sur cinq contient du fentanyl. Et que le tiers a absorbé non seulement du fentanyl, mais aussi du carisoprodol, un relaxant musculaire, ou du méprobamate, un anxiolytique. La vie sous l’eau est désormais à la mesure de celle sur terre : suffocante.

Loin du Texas, au bout de l’autoroute 55 qui conduit à Stanstead, autrement dit à un jet de pierre de la frontière avec le Vermont, les pales des hélicoptères militaires se font entendre plus que jamais. Dans le bleu du ciel, leurs mauvais augures noirs se profilent en ombres fuyantes sur le couvert de neige, à la limite des deux pays. De telles patrouilles n’ont jamais été aussi fréquentes. Pourtant, rien n’a changé sur le terrain des vaches, comme le confirment des habitués de cette ligne de démarcation. Et aucun dauphin gorgé de fentanyl n’a été retrouvé échoué dans les bancs de neige.

On sait fort bien que c’est folie de croire à la soi-disant déferlante de fentanyl aux États-Unis depuis le Canada. Un simple prétexte, parmi d’autres, utilisé par Washington pour faire virevolter l’économie canadienne, tandis qu’il fait par ailleurs perdre pied au monde entier. Combien de fois, ces dernières années, la question des frontières a-t-elle été dopée pour présider, au sein des États, aux ébats politiques les plus........

© Le Devoir