Le lièvre démocratique d’Amérique
Le lièvre est un animal étonnant. Au moins autant que l’être humain.
En période de famine, certaines variétés de lièvres sont, pour ainsi dire, en mesure de s’autodigérer. Ils suppléent de la sorte à des carences alimentaires temporaires. Leurs sucs gastriques, ai-je compris, digèrent leurs tissus. Ils trouvent à se nourrir de leur propre chair, pour expliquer les choses bien sommairement.
Quand les lièvres ne trouvent rien à se mettre sous la dent, au plus fort de l’hiver, il arrive que ces herbivores mangent des charognes d’animaux. Ces faits, rares, sont documentés. Le lièvre comme le lapin sont par ailleurs cæcotrophes. Autrement dit, leur digestion implique la consommation par réabsorption de leurs propres excréments…
Le magazine britannique New Scientist nous informe que le cousin du lièvre, le lapin, recycle le calcium de ses canines. Comme c’est le cas pour d’autres animaux, en raison d’un régime alimentaire rigoureux, ses dents se dégradent. Or si les dents de ces bêtes poussent continuellement, c’est en partie lié à un processus de réabsorption du calcium qu’elles avalent sous forme de fragments de leurs propres dents. Pendant des années, les chercheurs avaient pensé que ces animaux devaient consommer une alimentation riche en calcium. En vérité, ils semblent se débrouiller en bonne partie avec leurs dents.
Faudra-t-il un jour apprendre des lièvres pour résister à l’inflation des prix à l’épicerie ?
Dans la capitale de mon enfance, au milieu des........
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