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L’ardoise cannelle

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04.02.2025

La quincaillerie du quartier offre à voir en vitrine, depuis le début janvier, une affiche qui vante les coloris de l’année. Quelle est donc la couleur d’entre les couleurs pour 2025 ? « Ardoise cannelle », paraît-il. Un joli arrimage de mots, comme c’est l’habitude chez les vendeurs de couleurs. Le gris est une couleur, quand on y pense, tout à fait en phase avec notre époque où les Lumières continuent d’être chassées à grands coups de pied.

Au nombre des autres coloris promis à envelopper notre présent pas tellement chantant, il faut considérer aussi, selon les publicitaires, la teinte « ardoise » (gris) ou bien « anthracite » (gris). Pensez aussi, est-il dit, à « blanc glacial » et à « pluie parisienne »… À l’heure d’un président au teint orange, autant de gris s’associe bien à un temps si peu clément.

Dans l’Antiquité, raconte l’historien Michel Pastoureau, plusieurs noms différents existaient, dans le langage courant, pour décrire plusieurs variétés de couleurs. Ce n’était pas le produit d’une langue affectée, conduite par les impératifs de la seule publicité. Pour parler de la couleur rouge, par exemple, les Grecs comme les Romains utilisaient des dizaines de mots. Par comparaison avec notre temps, cela montre peut-être l’aveuglement dans lequel nous nous réfugions quand vient le moment d’envisager la couleur de notre époque autrement que par les éclats de sa seule surface.

Dans Le vendeur, le remarquable film de Sébastien Pilote, un client souhaite acheter, chez un concessionnaire automobile, un véhicule tout neuf. Il le veut bleu. Vous vous souvenez de cette........

© Le Devoir