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Parler faux, jusqu’au dernier mot

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08.01.2025

Pour son bref spectacle d’adieu, tenu lundi matin devant sa résidence, Justin Trudeau a pris une décision forte. Il n’allait pas user de cette occasion unique — tout le pays étant pendu à ses lèvres — pour changer d’un iota son style de communication. Il nous a donc offert la même langue de bois fleurie avec laquelle il a construit son personnage politique pendant plus de 10 ans.

Ce n’est pas à proprement parler un talent, mais c’est certainement un savoir-faire. Il faut beaucoup s’entraîner pour inventer un langage qui prétend parler du réel, mais qui, en fait, en génère une version décalée, enjolivée, qui ne peut, à l’usage, convaincre que ceux qui se sont accoutumés au goût des couleuvres.

Lors des débuts de Justin Trudeau sur la scène fédérale, de nombreux Québécois ne comprenaient pas pourquoi les Canadiens anglais se pâmaient à ce point pour un discours qui, à nos oreilles, sonnait d’emblée creux. À leur décharge, il est vrai que sa novlangue est plus fluide en anglais qu’en français, ce qui était encore le cas lundi. À leur décharge aussi, ils ont fini à la longue par trouver que Trudeau fils était aussi inauthentique que ce que nous avions perçu avant eux. D’un excès à l’autre, ils sont passés de « Love Trudeau » à « Fuck Trudeau », alors que les Québécois, n’ayant jamais été amoureux de lui, n’ont jamais souffert une peine d’amour justifiant l’impression de pancartes « Fourrons Trudeau » (mes excuses pour mes jeunes lecteurs).

C’était donc trop demander au premier ministre........

© Le Devoir