Panne d’espoir
Les temps sont durs pour l’espérance. Surtout à gauche. (Car pour les trumpistes, l’espoir fleurit, merci beaucoup.) L’histoire se présente aux progressistes que nous sommes comme des montagnes russes, alternant les périodes de progrès et de recul. Tantôt les peuples imposent la démocratie ; les femmes, l’égalité ; les réformistes, une meilleure distribution des richesses ; les écologistes, une prise de conscience de la fragilité de la planète. Puis, réactionnaires et autocrates relèvent la tête et détricotent tout ou une partie du progrès réalisé.
On veut bien dire, avec Martin Luther King, que l’arc de l’histoire est long, mais qu’il tend vers la justice, ajouter avec Barack Obama que c’est plus vrai encore si on en empoigne l’extrémité pour l’aider à pointer dans la bonne direction. Mais la différence avec les cycles précédents est que notre budget carbone collectif est limité et que la catastrophe nous pend au bout du nez. Nous n’avons pas beaucoup de décennies restantes pour jouer du yoyo avec le progrès humain.
« Peut-être que ça aura été ça, le genre humain, finalement », expliquait à son public Catherine Dorion, mercredi, à la première montréalaise de son spectacle Sciences Po 101. (Je cite de mémoire. C’était fort bien écrit.) Nous avons inventé la poésie, la musique, tant d’autres choses. Mais la politique, non, on n’a pas réussi. « On n’a pas trouvé le bon filon » pour que ça se termine bien, notre aventure. Peut-être faut-il simplement s’y faire, tirer........
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