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L’ère de l’indécence

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05.03.2025

Vous pourrez dire à vos petits-enfants que vous étiez là lorsque le monde a changé. Lorsque la décence a été mise en terre. Lorsque la brutalité a triomphé. Vous leur direz que cela s’est passé très vite, en moins de deux mois, et sur plusieurs fronts à la fois, au cœur de la plus grande puissance économique, culturelle et militaire que le monde ait connue.

Vous croiront-ils lorsque vous expliquerez que le président d’un pays résistant avec un indicible courage à une agression meurtrière émaillée de crimes de guerre fut publiquement traité comme un malpropre par l’homme occupant une fonction désignée jusque-là comme « président du monde libre » ? Que ce dernier était plus préoccupé à flatter l’agresseur qu’à soutenir l’agressé ?

Il ne sera pas simple d’expliquer que le pays qui, depuis 80 ans, avait savamment tissé un réseau mondial d’alliances militaires et commerciales ayant, pour l’essentiel, garanti paix et prospérité a jugé bon de s’essuyer les pieds sur chaque entente signée, de déclarer une guerre commerciale à ses principaux partenaires, désignés jusque-là comme d’indéfectibles amis, et de soutenir chez eux les partis les plus proches de l’extrême droite.

Certains des changements brutalement imposés par le nouvel occupant de la Maison-Blanche vont dans le sens de l’Histoire. Le parapluie militaire — et nucléaire — américain offert aux Européens depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ne pouvait être éternel, Charles de Gaulle l’avait compris dès 1960. Le projet d’une défense autonome européenne, dans une........

© Le Devoir