Le flou juridique du fœtus transféré en utérus artificiel au Canada
Le Devoir vous invite sur les chemins de traverse de la vie universitaire. Une proposition à la fois savante et intime, à cueillir tout l’été comme une carte postale. Aujourd’hui, comment se préparer à l’arrivée de l’utérus artificiel dans nos vies.
Que pensez-vous de l’idée qu’un fœtus puisse, un jour, se développer entièrement ou partiellement en dehors du corps humain, au sein d’un utérus artificiel (UA) ? La question mérite d’être posée. Bien que la gestation complète en UA ait été dépeinte par plusieurs comme étant futuriste, voire irréaliste, le développement partiel d’un fœtus transféré en UA — que j’appelle « entité en UA » — semble être une réalité imminente.
Aux États-Unis, des chercheurs du Children’s Hospital of Philadelphia ont réalisé plus de 300 essais concluants sur des fœtus de brebis, et attendent désormais l’autorisation de lancer les premiers essais cliniques chez l’humain. Au Canada, une équipe basée à Toronto développe des prototypes d’UA sur des fœtus de truie. Leur objectif : améliorer les soins offerts aux grands prématurés humains nés entre 22 et 25 semaines de gestation, une période critique où les risques de complications graves sont élevés.
Concrètement, l’UA serait une poche de plastique hermétique contenant du liquide amniotique fait en laboratoire. Le fœtus y serait transféré en conservant son cordon ombilical, par lequel l’oxygène continuerait d’être acheminé grâce à un placenta artificiel. L’un des avantages majeurs de cette technologie est de pouvoir maintenir en vie l’entité en UA sans avoir recours à la ventilation........
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