On se permet
Je me prends à des élans de nostalgie ces temps-ci. Dites-moi, est-ce que c’est normal ? Est-ce arrivé de tout temps à tout le monde en prenant un peu d’âge ? Ou il y a quelque chose de particulièrement porteur aux états d’âme dans l’air ?
Ça a commencé dans l’air, justement, avec l’odeur de fumée, la semaine dernière. Revenir de vacances alors qu’une alerte indique que Montréal est l’une des villes les plus polluées du monde, ça fait quelque chose. Moi qui avais hâte de reprendre le sport. Après, c’est la manière dont c’est devenu à peu près un non-sujet qui m’a frappée. Le ciel est vaguement orange, ça sent la catastrophe naturelle, les forêts brûlent. Bof. Je m’ennuie du temps où il ne fallait pas calculer si l’air était respirable dans nos activités estivales. Je me demande si on n’est pas un peu tous zombifiés dans le défaitisme, à force de gaslighting climatique. Les Canadiens célèbrent la « victoire politique » qu’est le recul sur la taxe carbone. Je suppose que c’est le genre de bonheur qui requiert qu’on se bouche le nez et ferme les fenêtres.
Je suis nostalgique d’une époque pas si lointaine, je crois. Je suis devenue chroniqueuse en 2019, et il existait toujours, dans ce monde prépandémique, de petites semaines d’actualité, particulièrement l’été.
Depuis la semaine dernière, je suis assaillie d’images d’enfants morts de faim à Gaza. La pression internationale a forcé Israël à laisser passer un minimum d’aide, au compte-goutte, mais rien de suffisant. La France a promis de reconnaître l’État palestinien en septembre ; le Royaume-Uni le fera aussi, à moins qu’Israël remplisse certaines........
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