Depuis deux ans
Ce n’était pas qu’à propos de Gaza. C’était à propos de nous-mêmes.
C’était à propos de l’état de notre discernement moral. Pour la première fois dans l’histoire, l’humanité a été bombardée en temps réel d’images d’enfants tués, démembrés, ensanglantés, à un rythme inégalé. C’était un test. Vit-on, oui ou non, dans une civilisation capable de reconnaître sans équivoque, viscéralement, instinctivement, qu’une telle violence, c’est mal ? Combien d’entre nous se sont fait reprocher de demander un cessez-le-feu ?
Sont venues les justifications. Ah, la guerre, c’est toujours difficile. Le terrorisme. Ils l’ont cherché. C’est un sujet complexe. Il faut comprendre l’histoire de la région. Vous n’en connaissez pas assez pour juger. C’était ça aussi, le test. Qui peut perdre de vue une vérité évidente d’instinct à toute l’espèce humaine — soit que tuer des enfants, c’est mal ? Qui d’entre nous ne se laisse pas distraire ou convaincre de renier ses instincts, et reste connecté à l’essentiel — soit qu’on ne peut pas, ni légalement ni moralement, justifier de massacrer un peuple ?
Ces deux dernières années, on aura tous fait un grand exercice de « pointage », comme on dit dans le jargon électoral. Je sais désormais qui, autour de moi à Montréal, au Québec, au Canada, est capable de comprendre d’instinct ou pas que tuer des enfants, c’est mal. Qui continue son quotidien après avoir vu de telles images et qui s’interrompt. Je sais aussi qui est susceptible, à force de manipulation rhétorique, de se laisser endormir la........
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