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Assassiner l’arc-en-ciel

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Nous sommes à Chicago, en novembre 1968. Fred Hampton, un activiste afro-américain âgé d’à peine 20 ans, fonde le chapitre de l’Illinois du Black Panther Party.

On est tout juste quelques mois après l’assassinat de Martin Luther King Jr. L’onde de choc secoue toujours la nation. Malcolm X, lui, a déjà été assassiné, en 1965. Si la mort de King suscite autant de réactions vives, c’est que l’homme incarnait la non-violence. La patience infinie. La main tendue. Le dialogue. C’est ce qui lui a permis d’être audible auprès du plus large public qu’ait été capable de toucher le mouvement pour les droits civiques.

Vers la fin de sa très jeune vie, King se faisait de plus en plus vocal sur l’importance de redistribuer les richesses du pays, et critiquait la guerre du Vietnam. Sa manière de s’exprimer et de partager ses « rêves » contribuait à en faire une figure qu’une bonne partie de l’Amérique pouvait au moins considérer. Ça a fait de lui un homme dangereux — et donc honni, à l’autre bout du spectre politique, ainsi que dans les structures de l’État. Si l’assassinat de King a autant choqué, c’est en fin de compte parce qu’on s’est dit : si même lui ne passe pas, alors qui passera ?

À 20 ans, Fred Hampton avait une génération d’écart avec King. Sa génération a passé son enfance et son adolescence à voir vivre et mourir les géants des droits civiques et elle en a tiré ses propres leçons. Le mouvement des Black Panthers représente des tactiques différentes de celles qui ont prévalu chez King. Devant........

© Le Devoir