Une vague de fond
C’est ce jour-là que tout a commencé, ou presque. Il y a tout juste 20 ans, le 29 mai 2005, 55 % des Français rejetèrent le projet de Constitution européenne au terme d’une campagne tumultueuse. Le résultat était clair et sans ambiguïté. D’autant que la majorité écrasante des médias étaient pour le oui et que 71 % du temps d’antenne avant le début de la campagne officielle lui avait été consacré. Les Français n’étaient pas les seuls à penser ainsi puisque, quelques jours plus tard, les Néerlandais leur emboîtaient le pas à plus de 60 % et les Britanniques s’apprêtaient à faire de même.
Je ne suis pas le seul à penser que c’est de là que date cette colère des peuples que l’on qualifie avec mépris de « populiste ». Avec pour résultat que la poussée nationaliste s’étend aujourd’hui de Lisbonne à Varsovie. Il n’y a plus beaucoup de pays d’Europe où, même si cela prend parfois des formes inédites et brutales, les partis populistes et nationalistes ne sont pas soit au pouvoir, soit la principale opposition, soit une force montante. L’élection du nationaliste Karol Nawrocki à la présidence polonaise n’est que la dernière manifestation de cette révolte qui gronde dans toute l’Europe.
Que s’est-il passé après le choc du 29 mai 2005 ? Deux ans plus tard, les technocrates européens se sont minutieusement appliqués à retricoter ce que le peuple avait défait. Cela s’est appelé le traité de Lisbonne. Comme on ne fait pas la même erreur deux fois, il fut adopté par la seule voie........
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