Parlez-vous créole?
Saviez-vous, chers lecteurs, que vous ne parlez pas français ? Non, vous ne parlez pas cette langue qui, issue du latin, du germain et du gaulois, s’est lentement constituée depuis la langue d’oïl sous Charlemagne. Cet idiome dont l’ordonnance de Villers-Cotterêts, en 1539, généralisa l’usage dans l’administration et dont l’Académie française, vers 1635, formalisa les règles, alors qu’il se répandait dans le monde entier.
Non, détrompez-vous, vous ne parlez pas cette langue qui, de Chrétien de Troyes à Victor-Lévy Beaulieu, a nommé le monde par l’entremise d’écrivains aussi divers que Rabelais, Racine, Hugo et Miron.
Mais, que parlez-vous donc ? Le créole ! Ainsi en a décidé Jean-Luc Mélenchon lors d’un colloque sur l’avenir de la Francophonie tenu la semaine dernière à l’Assemblée nationale française. Le chef des Insoumis a décrété qu’il fallait dorénavant « trouver un autre mot que “langue française” pour qualifier notre langue ». Car, dit-il « nous parlons tous le créole », et non pas ce vieux dialecte décrépit que certains persistent encore à appeler le français.
Ainsi faudrait-il dorénavant parler de l’Office québécois de la langue créole ! Parce que notre langue se serait, comme toutes les langues, abreuvée à des sources multiples, elle n’aurait plus d’identité. Elle ne serait qu’un ensemble vide sans consistance ni caractère propre, un simple assemblage informe dénué de logique et sans histoire commune.
Le Martiniquais Aimé Césaire, qui s’y connaissait en la matière, ne se revendiquait-il pas pourtant de la langue française plutôt que du créole ? Ce........
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