Le wokisme n’existe pas ?
C’est arrivé un 1er avril, mais ce n’était pas drôle. À l’Université Lyon 2, le maître de conférences Fabrice Balanche donnait son cours comme d’habitude lorsqu’une dizaine d’individus masqués firent irruption. Aux cris de « Racistes, sionistes, c’est vous les terroristes », ils forcèrent ce spécialiste de la Syrie, auteur de plusieurs ouvrages de référence, à quitter les lieux sous les huées. Le militantisme avait triomphé du savoir.
L’exemple est devenu en France le symbole de la façon dont l’idéologie a aujourd’hui pénétré l’université et menace la liberté d’enseignement. Bien sûr, l’idéologie n’est pas un phénomène nouveau à l’université, loin de là. Pourtant, rarement a-t-on vu le militantisme s’infiltrer à ce point jusque dans les plus hauts lieux d’une institution censée être la gardienne des savoirs et non pas le terrain de chasse d’agitateurs en mal de frissons. Alors que d’aucuns prétendent que le wokisme n’existe pas, ou qu’il a toujours existé (ce qui revient au même) et que ceux qui s’y opposent n’exprimeraient qu’une forme de « panique morale » ou de fantasme réactionnaire face à « un monde qui change », force est de constater que simplement transmettre ce que nos pairs nous ont enseigné est souvent devenu un sport de combat. Dans ce « nouveau monde », on risque sa carrière en affirmant qu’il n’y a que deux sexes, comme tous nos ancêtres l’ont pourtant pensé.
C’est ce dont témoigne un ouvrage majeur, Face à l’obscurantisme woke, qui paraît ces jours-ci et dans lequel 26 universitaires de........
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