La colère des gueux
Dans Les misérables de Victor Hugo, lorsque Jean Valjean se présente au pont d’Austerlitz, à Paris, on lui réclame un droit d’entrée. Comme il portait Cosette sur son dos, il dut payer le double de la somme. Durant tout le Moyen Âge, et même à l’époque romaine, il était courant de payer un droit de passage pour entrer dans une ville.
Serions-nous de retour à cette époque ? C’est ce que soupçonnent les 12 millions d’automobilistes qui risquent de se voir interdire l’accès aux centres-villes des principales agglomérations françaises. À l’initiative de l’écrivain Alexandre Jardin, ils ont décidé de s’appeler « les gueux ». Oui, les gueux, comme ceux de Rabelais qui disait qu’au cimetière des Saints-Innocents, « ils se chauffaient le cul sur les ossements des morts ».
Les gueux d’aujourd’hui réchauffent le leur dans une vieille guimbarde ou sur une moto d’un autre âge. Or, pour limiter les émissions de particules fines, la fine fleur des élus écologistes de l’Assemblée nationale qui roulent à vélo ou en voiture électrique n’a rien trouvé de mieux que de leur interdire l’accès des centres-villes. Les transports en général n’ont beau représenter que 15 % de ces émissions (d’ailleurs en chute libre), depuis le début de l’année, une trentaine de métropoles de plus de 150 000 habitants peuvent interdire l’accès de ces zones dites « à faibles émissions » (ZFE) aux véhicules d’avant 2006 (essence) ou 2011 (diesel). Soit 30 % du parc automobile français !
Ils n’ont qu’à s’acheter une Tesla, direz-vous ! On comprend pourquoi les ZFE ont........
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