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L’ogre de Trois-Pistoles

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19.07.2025

C’était donc vrai, je n’avais pas rêvé. Dans la chaleur de juillet, les drapeaux étaient en berne. Ils ne claquaient plus au vent de la mer. Pas une seule fois je ne suis passé sur la 132 sans éprouver la fierté de voir ces étendards surplomber l’anse des Riou, avec au loin les falaises de Tadoussac que l’on peut apercevoir par temps clair. Cet été, rien ne sera plus pareil. Ils ne réapparaîtront plus, ces deux étendards qui dominaient les environs comme des frères siamois : le fleurdelisé aux couleurs de Marie et le tricolore des patriotes. Une autre façon de dire que, pour le maître des lieux, le Québec n’avait de sens qu’en respectant ses origines et ne pouvait en être digne qu’en s’assumant pleinement comme peuple.

De cette idée fondatrice, Victor-Lévy Beaulieu ne déviera jamais, au point de s’associer jusqu’à la fin au petit peuple de Trois-Pistoles. Le seul à ne pas avoir droit à son petit carré d’asphalte sur les 586 kilomètres de l’autoroute la plus longue du Québec. Il n’y a pas si longtemps, l’idée avait même effleuré l’esprit des bureaucrates de Québec de lui retirer son traversier. Et l’on suggère dorénavant à ses habitants d’éviter de tomber malades après le coucher du soleil, puisque l’urgence de leur petit hôpital pourrait bientôt être amputée de ses gardes de nuit.

À ceux qui lui........

© Le Devoir