La malédiction des privilèges
C’est lorsque la nature s’éveille et que le soleil brille, au printemps, qu’une majorité de gens pensant au suicide décident de s’éteindre pour de bon, nous dit la science. L’ubiquité de l’effervescence à l’extérieur leur renvoie leur noirceur intérieure en plein visage.
Depuis le début de ma courte vie d’adulte, quatre personnes de mon entourage sont mortes à cause de leur trouble mental, dont le dernier il y a quelques jours. Tous issus des quartiers aisés, ils étaient allés aux meilleures écoles privées, ils avaient des moyens et un cercle social en grande partie positif. La peau blanche, le ski alpin en hiver et le golf en été. Leurs amis naviguent dans les grands cabinets d’avocats, dans les firmes de consultants… Des privilégiés, quoi. Comment comprendre ce paradoxe ? Comment expliquer que des personnes en apparence privilégiées puissent sombrer dans une telle détresse ?
Au milieu du XIXe siècle, un économiste allemand comme Marx aurait avancé que notre identité se résume à la classe sociale à laquelle on appartient. On traverserait le Rhin et un politologue français, Renan, dirait qu’il n’y a rien d’autre que notre nation qui nous définit. L’erreur que tous deux faisaient est de croire que l’identité se définit à........
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