Depuis plusieurs années, j’accueille le printemps à Belgrade, ce qui m’aide à raccourcir l’hiver canadien, mais aussi à me rafraîchir, ne serait-ce qu’un instant, à l’eau jaillie de ma terre natale. Lorsque je suis certaine que la neige a fondu à Montréal, que la saison du temps des sucres est terminée et que le printemps commence à accrocher ses insignes aux arbres du parc La Fontaine, je retourne sur cette terre qui m’a accueillie et adoptée il y a 30 ans. Je suis heureuse de la quitter en mars, fatiguée de l’hiver glacial, mais je suis tout aussi heureuse de la retrouver en mai, lorsque je resurgis des eaux du passé et de la nostalgie belgradoise.

Ce printemps-ci, non seulement Belgrade, mais toute la Serbie respire avec de nouveaux poumons — des poumons régénérés par l’amour et l’espoir. La jeunesse étudiante s’est épanouie, la force populaire s’est réveillée, le courage civique s’est mis à chanter.

Le vieux corps malade, par miracle, se redresse de son agonie et des temps inhumains. Brisé par la dictature, l’injustice et la corruption, il tente de se libérer des mâchoires des prédateurs contemporains. Contrairement aux tentatives passées de changement par les guerres et les révolutions, qui, malgré les meilleures........

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