Le «jour du dépassement», un rappel du caractère impératif de la décroissance
La journée du 24 juillet marque le « jour du dépassement », selon le collectif international Global Footprint Network. C’est-à-dire qu’en raison de nos modes de production dominés par l’idéologie extractiviste, productiviste, consumériste et capitaliste, nous avons épuisé ce que la planète est à même de générer sans se trouver hypothéquée.
Cette donnée concerne différents défis : les étendues forestières, celui des terres arables et du pâturage, l’empreinte carbone, l’étalement urbain et l’intensité des pêches. Elle va de pair avec la théorie des limites planétaires, établie par le Stockholm Resilience Centre. Elle s’applique à neuf domaines essentiels à l’équilibre planétaire : les bouleversements climatiques, l’extinction massive des espèces, la perte d’azote et de phosphore dans les sols, la réduction des terres arables, l’acidification des océans, l’épuisement de l’eau douce, l’appauvrissement de la couche d’ozone, le taux de polluants chimiques et l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère. Huit de ces domaines font l’objet d’approches commensurables, et six sont entrés dans un état critique. Les conditions ne sont plus réunies pour qu’ils continuent d’exister de manière stable et durable : on dit alors que les seuils de détérioration ont déjà été franchis.
À partir de maintenant, selon ces travaux de synthèse, tout ce que nous prélèverons des territoires, des eaux, de la flore et de la faune, et tout ce que nous produirons comme déchets mettront à mal dans son essence et à sa source la capacité de ces biens à se régénérer. Ce n’est pas rien. C’est même majeur. Pis, c’est inouï. Jamais depuis des milliers d’années n’a-t-on vu notre habitat de référence être aussi profondément perturbé, lui sur lequel on faisait jadis fond à la manière d’un garant stable et universel. C’est la fin de la fameuse locution latine Ceteris paribus sic stantibus : désormais plus rien n’est égal par ailleurs. Tout bouge. Tout s’altère.
La tendance est si lourde que la situation s’aggrave à vue d’œil, au point que le Global Footprint Network a dû devancer à deux reprises l’établissement de la date. Le seuil était fixé au départ au 13 août, puis au 9 du même mois.
Le collectif de scientifiques, soutenu par des organismes écologistes, ventile ses données et établit des dates selon les pays. Si tous les pays de la planète se comportaient de la même manière qu’on le fait en France ou au Canada, par exemple, au prorata de leur importance, le « jour du dépassement » serait déjà survenu, respectivement le 19 avril et le 26 mars de cette année. C’est donc dire que dans les premiers moments du printemps, ces deux pays ont déjà épuisé leur dû et vivent écologiquement à crédit, au-delà de ces dates.
Que faire ? Faire autrement. La logique qui s’impose ne suppose pas seulement d’échelonner sur douze mois tout ce qu’on a consommé en une quinzaine de semaines. Les mathématiques ici ne sont d’aucune pertinence. Il s’agit d’abord de mettre en pratique des modes de........
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