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Quand flotte le «Jolly Roger»

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De Grande Riviere, à Trinité-et-Tobago, à Santa Marta, en Colombie, le long collier de pitons rocheux du littoral embrasse les anses dont la vie est rythmée par les cadeaux et les caprices de la mer des Caraïbes. Zone historique de passage et de transit, espace plurifrontalier, terrain de jeu des flibustiers de l’âge d’or de la piraterie maritime et artère du commerce mondial, elle est désormais le point zéro de la recomposition des équilibres géopolitiques mondiaux.

Avec le déploiement inhabituel de 15 000 troupes à l’automne et du groupe aéronaval du porte-avions USS Gerald R. Ford à la mi-novembre, l’armada américaine en mer des Caraïbes prend des allures inégalées depuis la crise des missiles de Cuba. Il s’inscrit dans la foulée de frappes létales, illégales et amorales contre des bateaux civils, hors de tout contexte belliqueux, en eaux internationales, constitutives de crimes de guerre punissables par les juridictions internationales, notamment la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale.

Le motif avancé par Washington (la lutte contre le trafic de drogue) ne tient guère. D’abord, en raison de la dissonance entre ces raisons invoquées et l’octroi de la grâce présidentielle à Juan Orlando Hernández, ancien président du Honduras condamné pour avoir facilité l’acheminement de centaines de tonnes de cocaïne vers les États-Unis. Ensuite, parce qu’en tirant sur des pêcheurs en haute mer, les États-Unis se sont aliéné des alliés importants dans la lutte contre le trafic de drogue — à commencer par la Colombie, qui a perdu des ressortissants dans les frappes.

S’y sont ajoutés le Royaume-Uni et les Pays-Bas, qui ont cessé de fournir du renseignement pouvant servir aux exactions de la marine américaine. Et au-delà, les États-Unis se privent de la capacité de collecter des informations essentielles à la surveillance du trafic de........

© Le Devoir