La désextinction est un écran de fumée
Joli coup de pub, ces loups au pelage blanc présentés aux médias le 7 avril dernier comme étant des loups préhistoriques1, membres d’une espèce éteinte depuis quelque 10 000 ans.
L’entreprise américaine Colossal Biosciences, qui signe l’exploit, ne livre que peu d’informations. Scientifiques et médias sont réservés, mais le buzz est énorme.
Premier éclairage : techniquement, on a fait porter par une chienne des embryons de loup gris dans lesquels on a inséré une vingtaine de gènes de loup sinistre (son nom en français ; dire wolf en anglais). Isoler des gènes de cette espèce à partir de restes préhistoriques fragmentaires est une prouesse.
Mais on n’a pas recréé cette espèce éteinte pour autant. On a obtenu trois individus isolés, dont l’ensemble des traits observables sont semblables à ceux d’une espèce éteinte. Pas moyen de vérifier.
Une espèce est beaucoup plus que quelques individus : c’est un patrimoine génétique diversifié, capable d’adaptation à un environnement changeant et à des écosystèmes variés.
Lesquels écosystèmes n’existent plus. Ce qui d’ailleurs rend impossible l’introduction de ces loups en nature. Ils passeront probablement leur vie en captivité, ou deviendront vedettes d’un parc pléistocène pour touristes.
Mais alors, à quoi rime cette expérience ? Réponse la plus plausible : pour l’exploit technique,........
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