La langue n’est pas une abstraction
En octobre 1774, lors du premier Congrès continental de Philadelphie, les révolutionnaires américains ont rédigé une lettre destinée aux habitants de la colonie britannique de Québec, les exhortant à saisir l’occasion d’être « conquered into liberty1 ».
La liberté. Par la conquête.
« Vous êtes un petit peuple, comparé à ceux qui vous accueillent à bras ouverts dans leur communauté, écrivaient-ils2. Une brève réflexion devrait vous convaincre de ce qui est dans votre intérêt et votre bonheur : avoir le reste de l’Amérique du Nord comme amis inébranlables, ou comme ennemis irréconciliables. »
Les Canadiens français de l’époque, mes aïeux, ont refusé.
Ils croyaient que leur langue, leur foi, leur culture survivraient mieux sous les institutions britanniques. Ce n’était pas par loyauté envers l’Empire, mais un pari de survivance.
Des siècles plus tard, notre langue tient encore. Elle s’accroche. Et depuis que la souveraineté du Canada est de nouveau sur la sellette, on glorifie le français comme joyau d’un certain imaginaire national. Mais trop souvent, cette révérence reste........
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