Récit de Téhéranais abandonnés à leur sort
La spécialiste du monde iranien Hanieh Ziaei présente un texte qui traduit bien le désespoir des citoyens de Téhéran, laissés à eux-mêmes, à la fois abandonnés par leurs propres dirigeants et par le monde entier.
Dans la nuit du 12 au 13 juin 2025, une série de détonations a secoué Téhéran. L’onde de choc initiale a d’abord été prise pour un séisme. La capitale iranienne, située sur une faille sismique majeure, vit depuis des décennies sur fond de menace tellurique. Or, cette fois, il ne s’agissait pas de secousses géologiques.
« Comme des millions d’habitants, je me suis réveillée en sursaut, paralysée par la stupeur, sidérée par l’incertitude et la peur1 », ont confié de nombreux Téhéranais. Aucun dispositif de protection civile, alerte ou sirène n’a été déclenché. Face à une gestion étatique désorganisée, opaque et défaillante, un sentiment d’abandon et d’anxiété domine aujourd’hui en Iran – celui d’une population livrée à elle-même, sans repères ni protection institutionnelle, mais toujours sous contrôle et surveillance, au risque d’être accusée d’espionnage au profit d’Israël.
Depuis plusieurs mois, la probabilité d’un affrontement militaire direct entre l’Iran et Israël s’est considérablement intensifiée. Ce conflit s’est imposé sous couvert de stratégies dites « préventives », qui relèvent en réalité d’une logique offensive assumée. Si les frappes visent principalement des infrastructures militaires, nucléaires et étatiques, leurs répercussions – tant physiques que psychologiques – frappent de plein fouet les espaces civils : zones résidentielles, hôpitaux, réseaux d’eau, d’électricité et autres infrastructures essentielles à la vie urbaine.
La province de Téhéran, qui comprend notamment les villes de Karaj, Eslamshahr et Ray, regroupe aujourd’hui plus de 14 millions d’habitants. Elle constitue un espace urbain d’une densité extrême, largement sous-équipé pour faire face à des catastrophes majeures : les infrastructures y sont vieillissantes, les réseaux logistiques, fragmentés, et les services d’urgence, cruellement sous-financés.
PHOTO ATTA KENARE, AGENCE FRANCE-PRESSE
File d’attente à une station-service de Téhéran, le........





















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