L’observateur des petits mouvements du cœur
Foglia. Juste le nom provoque des émotions diverses chez les gens : joie ou panique. Personne ne pouvait prévoir ce qu’il allait lire à la page 5 du cahier A de La Presse quand le locataire s’appelait Foglia. Très peu de gens aussi savaient qu’il fallait oublier le g dans Foglia, je l’ai appris mais ça ne m’empêche pas de prononcer ce g fantôme. Je ne sais pas comment il s’est arrangé avec ce petit inconvénient identitaire dans son quotidien. Ce qui est sûr, c’est que nul n’était à l’abri de cet œil perçant qui vous voyait venir de loin.
Un jour il vous portait aux nues, et le lendemain il pouvait vous disséquer sur une table de marbre. Une main qui caresse ou une guillotine qui tombe. En fait, ce n’était pas si simple, car il n’était pas aussi prévisible que la plupart des chroniqueurs qui sévissent ici ou ailleurs. On doit admettre que Foglia est de calibre international.
Entre ces deux situations précitées (la main ou la guillotine), il y avait une variété de nuances possibles. Et son style, ce style décapant mais capable de langueur en même temps, l’empêchait d’être ringard. Si on écarte l’aisance, l’esprit (pas les mots d’esprit), l’ironie et ce talent fracassant, que trouve-t-on ? Un bonhomme qui fait du vélo, répond à son courrier avec son genou, s’occupe de ses chats ou de son jardin, ne déteste pas les potins, et cherche minutieusement un nouveau restaurant en ville pour y emmener sa fiancée. En fait, un vieux conservateur avec une âme d’anarchiste, ce qui donne un libertaire. De plus, il ne cesse de « vitupérer l’époque ». Plutôt moraliste que moralisateur.
Lui, Foglia, sa bête noire, c’était la vulgarité, pas la vulgarité selon les honnêtes gens, non, il avait une vision particulière de la chose qu’il a exposée maintes fois dans ses chroniques. Pour éviter cette boue, il se sauvait par une porte dérobée. Mais ne lui parlez pas de style proprement dit, il détestait le mot. Est-ce pourquoi il vouait une telle admiration à Bukowski, celui des Contes de la folie ordinaire, de L’amour est un chien de l’enfer, même s’il lisait rarement de la poésie ? On doit comprendre alors que cette grâce d’écriture était apparente, mais qu’en réalité, il souffrait le martyre, comme son vieux pote Bukowski.
Une fois, au Caffè Italia, j’ai décidé de savoir ce qu’il en était du........





















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