Comment Serge Fiori a décomplexé la musique québécoise
Encore sous le choc de la disparition de l’un des grands de la musique québécoise, chacun de nous vit une forte charge émotionnelle dans son rapport à Harmonium et plus généralement à l’homme qu’a été Serge Fiori.
Les disparitions du milieu musical qui se multiplient depuis deux ans nous amènent à prendre conscience du rôle majeur que la musique joue dans nos vies, comme une bande-son de notre trajectoire individuelle, mais aussi de notre récit collectif.
C’est d’autant plus important de le souligner que quelque chose d’unique s’est produit avec l’arrivée d’Harmonium en 1973-1974. En mesurer aujourd’hui l’impact me semble essentiel pour bien situer le legs artistique de Fiori. Si d’aucuns s’entendent pour dire que tout artiste porte une vision du monde à travers son art, le leader d’Harmonium s’est nettement distingué de plusieurs musiciens de sa génération par l’intermédiaire d’une posture sans compromis tout autant que d’une prise de risque par rapport aux possibilités qu’offrait la musique populaire des années 1970.
La nébuleuse rock des années 1960-1970 se veut tout autant révolution culturelle que transformation de la perception du monde, comme en fait foi l’attention unique qui est donnée aux nouvelles formations et icônes des scènes locale et internationale. C’est dans le contexte de cette effervescence musicale, couplée à l’ébullition culturelle que connaît le Québec, que prend forme Harmonium, composé d’abord d’un........
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