Depuis plus de 10 ans, je mène différents projets de recherche avec des filles, des femmes et des mères en situation d’itinérance. J’écoute leurs histoires, celles qu’elles ont rarement l’occasion de raconter d’un bout à l’autre, sans interruption, sans interrogation, sans suspicion. Je constate qu’elles se trouvent aux premières loges des défaillances de notre société : elles encaissent de plein fouet le sexisme, le racisme systémique et la déshumanisation des soins.

Est-ce que nous aurions pu écouter ces femmes qu’on laisse sur le seuil de notre empathie collective, avant que la mort d’un nourrisson ne survienne ?

« Elle n’avait qu’à demander de l’aide », dit-on… Comme si ce drame était réductible à un hypothétique refus de demander ou de recevoir de l’aide.

Comme si cette mère était responsable de chacun des éléments de conjoncture l’ayant menée à devoir donner naissance dans la rue. Comme si c’était, au fond, rien d’autre qu’une femme........

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