Derrière la destruction de Gaza, qui atteint un degré sans précédent, se dessine un plan qui mènera au déplacement en grand nombre des survivants, écrit Agnès Gruda

Au cours de la vingtaine d’années pendant lesquelles j’ai suivi de près l’actualité au Moyen-Orient comme journaliste à La Presse, j’ai eu l’occasion de documenter, sur le terrain, deux des cinq grandes guerres entre Israël et Gaza – celles de 2009 et de 2012. J’ai aussi suivi, à distance, celle de 2014.

Au fil de ces conflits, j’ai recueilli les témoignages de familles ayant perdu leurs proches sous les bombes, j’ai rencontré des survivants d’immeubles pulvérisés, j’ai vu des rues entières rasées par des missiles.

Ce qui se passe maintenant dans la bande de Gaza est sans commune mesure avec tout ce dont j’ai pu être témoin, de près ou de loin, au fil de ces guerres.

Jamais les Gazaouis n’avaient subi un tel degré de destruction, jamais l’armée israélienne n’avait-elle largué autant de bombes sur des infrastructures civiles, jamais n’avait-on vu autant de journalistes et de travailleurs humanitaires périr sous les balles, jamais la bande de Gaza n’avait-elle été coupée du monde et privée d’approvisionnement pendant aussi longtemps, jamais n’avait-on vu des familles se nourrir de mauvaises herbes et des enfants mourir de faim.

Et pourtant, à Gaza, le pire reste à venir. Ou plutôt : le pire vient de commencer, avec le déclenchement, il y a 10 jours, de l’offensive israélienne intensifiée désignée comme........

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