Guadeloupe et Martinique : après deux ans de lutte, les victimes du chlordécone espèrent faire plier l’État français
Le sort des demandes d’indemnisation de 1 286 plaignants exposés au chlordécone a été décidé par la cour administrative d’appel de Paris, mardi 11 mars : l’État doit indemniser les victimes démontrant un préjudice moral d’anxiété pour avoir été exposées au chlordécone. Les victimes de ce pesticide nocif pour la santé, mais maintenu en Guadeloupe et en Martinique par un État français prêt à détourner le regard par appât du gain, espèrent obtenir une indemnité de 15 000 euros chacun et, surtout, que le gouvernement assume sa responsabilité.
De 1972 à 1993, l’État français a permis l’empoisonnement de la Martinique et de la Guadeloupe. Le chlordécone, pesticide massivement utilisé dans les bananeraies pour combattre le charançon – un insecte ravageur – a contaminé des milliers d’hectares de terres agricoles et empoisonné les populations locales. Le tout par dérogation ministérielle. Alors que le pesticide a provoqué une pollution importante et durable des sols, des nappes phréatiques et des milieux marins, il avait pourtant été interdit en France métropolitaine dès 1990.
L’État faisait face à ses responsabilités, mardi 11 mars, alors que la cour administrative d’appel de Paris se prononçait à propos du recours sur les demandes d’indemnisation de 1 286 plaignants, et trois associations, pour leur exposition au chlordécone. Ces derniers, qui ont défendu leur cas le 3 février dernier, souhaitent obtenir une indemnité de 15 000 euros chacun au titre du préjudice d’anxiété.
Verdict : l’État doit indemniser les victimes démontrant un préjudice moral d’anxiété pour avoir été exposées au chlordécone. La cour a estimé dans un arrêt que « l’État a commis des fautes en accordant des autorisations de vente d’insecticides à base de chlordécone, en permettant leur usage prolongé, en manquant de diligence pour évaluer la pollution liée à cet usage, y mettre fin, en mesurer les conséquences et informer la population touchée ». En conséquence, il « doit réparer, lorsqu’il est démontré, le préjudice moral d’anxiété des personnes durablement exposées à cette pollution ».
La cour administrative d’appel a estimé que « pour une dizaine de personnes........© L'Humanité
