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Benjamin Stora : « Cette crise franco-algérienne est instrumentalisée à des fins de politique intérieure »

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21.03.2025

L’historien Benjamin Stora, partie prenante d’une commission mixte franco-algérienne dont les travaux sont aujourd’hui gelés, met en garde contre les instrumentalisations par la droite et l’extrême droite de la crise diplomatique en cours.

La présente crise entre Paris et Alger est d’une exceptionnelle gravité. Est-elle inédite ?

Le rappel de l’ambassadeur algérien en France, l’été dernier – un poste toujours vacant à ce jour – est inédit. Quant à la litanie des reproches adressés par Bruno Retailleau à l’Algérie, entre autres sur le refus des OQTF, elle signale une instrumentalisation à des fins de politique intérieure qui avait rarement atteint un tel degré.

Mais il faut se souvenir que, depuis l’indépendance en 1962, la question algérienne s’est toujours invitée dans les campagnes électorales, la vie politique et intellectuelle française. En 1973, la vague de crimes racistes et l’attentat à la bombe contre le consulat d’Algérie à Marseille (qui avait fait 4 morts et 12 blessés graves – NDLR) ont entraîné une crise diplomatique très grave.

Deux ans plus tard, la visite de Valéry Giscard d’Estaing, premier chef d’État français à fouler le sol de l’Algérie indépendante, s’est très mal passée : elle a entraîné un long refroidissement. La relation s’est réchauffée avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, mais, de nouveau, elle s’est dégradée en janvier 1992, quand François Mitterrand a condamné l’arrêt du processus électoral (alors que le Front islamique du salut était en passe de remporter les premières élections libres et pluralistes – NDLR).

En février 2005, le vote par l’Assemblée nationale française d’une loi exaltant les « aspects positifs » de la colonisation a torpillé le projet de traité d’amitié entre les deux pays porté par Jacques Chirac après sa visite à Alger, deux ans plus tôt. Il faut citer, encore,

© L'Humanité