Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les territoires palestiniens occupés : « Le sacrifice de la Palestine nous révèle le monde de fous dans lequel nous vivons »
À l’Agora de la Fête de l’Humanité, la rapporteuse spéciale des Nations unies pour les droits humains dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 a dénoncé la complicité des États et des entreprises dans le génocide perpétré par Israël à Gaza.
Francesca Albanese fait vivre par sa voix et ses rapports le droit international et essaie de le faire respecter. Par ses activités, la rapporteuse spéciale des Nations unies pour les droits humains dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 gêne beaucoup de monde.
La juriste spécialisée en droit international a publié un rapport, « Anatomie d’un génocide », en mars 2024. Depuis, ce terme de génocide est sur toutes les lèvres, même si des personnes essaient de la faire taire. Israël est intervenu pour empêcher la chercheuse d’entrer en fonction à l’ONU, mais elle continue le combat. Elle était présente le week-end dernier à la Fête de l’Humanité, à l’Agora, pour une carte blanche.
Israël vous empêche de vous rendre dans les territoires palestiniens. Comment votre rapport sur l’anatomie d’un génocide a-t-il vu le jour ? Quelles preuves ont été amenées pour le bâtir ?
Tout d’abord, je tiens à affirmer que je ne demande que la justice et le respect du droit international et je me retrouve sous les feux croisés. Ce premier rapport sur l’anatomie d’un génocide a été suivi, six mois plus tard, par un autre rapport sur le génocide comme effacement colonial.
« Le génocide a été annoncé par le gouvernement israélien le 8 octobre 2023 »
À vrai dire, je n’étais pas convaincue au début par le terme de génocide. Comme la plupart des Occidentaux, j’avais du mal à poser ce mot sur les actes d’Israël. D’autres de mes collègues l’utilisaient bien avant moi. Je me suis soignée de mon ignorance.
Les Palestiniens ont déjà vécu des guerres en 2008, en 2012, en 2014 ou encore en 2021. Après le 7 octobre, ils ont su que ce n’était pas une guerre comme les autres, à cause de la mise en place de mesures féroces et illégales, comme le fait de couper l’accès à l’eau et à la nourriture. Le dire est dangereux.
Ce génocide n’est pas difficile à prouver. Il a été annoncé par le gouvernement israélien le 8 octobre 2023. Il s’agit de la destruction intentionnelle d’un groupe en tant que tel, partiellement ou totalement. Mais on ne peut pas se limiter à nommer le génocide. Il faut aussi regarder la capacité à l’infliger.
Les premiers morts dus au manque de nourriture ont été rapportés en décembre 2023. C’est à ce moment que j’ai commencé à documenter ce qu’Israël commet. Or, je n’ai pas pu me rendre sur place comme tous les autres investigateurs.
Israël pratique un camouflage humanitaire et perpétue un génocide en le présentant au monde comme une entreprise militaire. Sauf que l’intention de détruire le Hamas n’est même pas un objectif militaire. C’est invoqué pour détruire les civils.
Preuve en est : plus de 85 % des morts sont des civils. Ce ne sont pas des juges internationaux qui le confirment, mais l’armée israélienne. Avant mon rapport, la Cour internationale de justice avait alerté sur le risque de génocide, le 24 janvier 2024.
Cela oblige tous les États à prévenir le génocide. Cela signifie © L'Humanité





















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