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« Sans votre rébellion, pas de blessure » : aux procès des arrêtés du 18 septembre, la justice tape sur tout ce qui manifeste

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25.09.2025

Sur les 29 gardes à vue prononcées par le parquet à la suite de la mobilisation du 18 septembre à Paris, une douzaine étaient jugées mardi, selon la procédure de comparution immédiate. Deux des prévenus se sont succédé dans le box. Compte rendu d’audience.

Le soir de la manifestation du 18 septembre, P., un graphiste parisien trentenaire, est en garde à vue dans le commissariat du 19e arrondissement. Outre sa participation au défilé, on lui reproche une rébellion lors de laquelle une jeune policière a eu le coude cassé.

Des « violences sur fonctionnaire ayant autorité » pour lesquelles ce célibataire encourt sept ans de prison. Les policiers s’appuient sur des captures d’écran. L’avocat du prévenu, Me Alexis Baudelin, réclame le visionnage intégral de la séquence, filmée par la caméra de surveillance du commissariat.

On y voit P., assis sur son banc, en train de s’agiter. Un policier le démenotte puis, soudainement, le prend à la gorge et le colle au mur. L’homme se retrouve ensuite plaqué à terre par des policiers venus en renfort, et traité de « connard de gaucho » – la caméra, qui enregistre l’image mais pas le son, n’a pas conservé les injures. « J’ai pris peur », dit-il.

C’est dans ce même mouvement que la policière voit son coude fracturé. « Sans votre rébellion, pas de blessure », résume la procureure. Mais P. est formel : s’il a pu paraître agité sur son banc, c’est parce qu’il réclamait des soins pour son voisin, blessé au crâne. Ce que l’intéressé vient confirmer à la barre : « On m’a juste proposé quelques feuilles de papier toilette pour éponger le sang. »

Avant cette algarade au commissariat, P. manifestait dans le cortège parisien. Des policiers en civil affirment l’avoir suivi pendant quarante-cinq minutes. Ils jurent l’avoir vu jeter des pierres. « Mais durant ce laps de temps, ils ne parviennent pas à prendre une seule photo où mon client jetterait quelque chose », s’étonne Me Baudelin. Dans les propos des magistrats, un certain effroi se devine. « Est-ce que vous vous considérez comme un révolutionnaire ? » demande le président. « Je me définis comme un........

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