D’Haïfa à Tel-Aviv, reportage auprès de ces Israéliens qui veulent l’arrêt de la guerre à Gaza
Ces dernières semaines, les Israéliens ont défilé par milliers dans les rues du pays. Pas un jour ne passe sans manifestations contre la politique de Netanyahou, pour demander le retour des otages, pour un arrêt de la guerre à Gaza et plus récemment pour s’indigner de la souffrance des Gazaouis.
Haïfa, Tel Aviv (Israël), correspondance particulière.
On les a d’abord aperçus à l’université d’Haïfa, devant l’école des beaux-arts Bezalel de Jérusalem ou encore sur le campus Ben Gourion de Beer-Sheva, au sud d’Israël. Puis ces drapeaux noirs ont pris place, épars, parmi les symboles brandis par les manifestants, aux côtés du ruban jaune de la campagne pour les otages encore détenus à Gaza, intitulée « Ramenez-les à la maison », et de banderoles anti-Netanyahou.
Le mouvement du black flag (« drapeau noir » en anglais) est né il y a tout juste deux semaines à l’initiative de groupes d’universitaires de Tel-Aviv désireux de délivrer un message : la guerre à Gaza doit prendre fin, et avec elle la dévastation qui frappe les civils gazaouis et leurs enfants – dont 1 309 ont été tués par Israël après sa rupture unilatérale du cessez-le-feu le 18 mars, selon l’Unicef.
« Nous pensons qu’un drapeau noir flotte aujourd’hui sur la conduite du gouvernement et que les soldats et les pilotes qui bombardent Gaza sont complices d’actes criminels », assène Dana Olmert, chercheuse en littérature à l’université de Tel-Aviv et membre du conseil d’administration de l’ONG israélienne anti-occupation Breaking the silence. L’enseignante, par ailleurs fille de l’ancien premier ministre Ehud Olmert issu de la droite et proche d’Ariel Sharon, est l’une des figures actuelles d’un monde universitaire de gauche refusant de rester muet plus longtemps face aux décisions de son gouvernement.
« Il existe en Israël une gauche radicale, petite mais engagée, qui résiste à l’occupation depuis des décennies, expose Dana Olmert. Ces derniers mois, de plus en plus de voix se sont jointes à cet appel, exigeant la fin de la guerre et des dommages causés aux civils innocents à Gaza. » L’apparition dans les cortèges de portraits de civils tués dans l’enclave palestinienne est cependant bien récente en Israël. Elle existe aujourd’hui grâce à une prise de conscience tardive par la société israélienne des crimes perpétrés par son armée à Gaza, estime Liran Razinsky, un autre........
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