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Canicule : la crème solaire protège des assauts des rayons UV… à condition de bien l’utiliser

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29.06.2025

En combinant des outils de mesures physiques et des mathématiques, une équipe bordelaise propose de mieux évaluer l’absorption des films solaires non homogènes, c’est-à-dire lorsqu’ils sont étalés n’importe comment… De quoi revoir les normes actuelles et stopper les expositions de cobayes humains.

Aujourd’hui encore, le seul moyen pour mesurer le facteur de protection solaire (FPS) d’un produit consiste à l’appliquer sur le dos de jeunes adultes, souvent des femmes, étudiantes, puis à les exposer à des rayons UV pour observer l’apparition de rougeurs. « On provoque artificiellement un coup de soleil sur la peau de jeunes volontaires pour déterminer le facteur de protection solaire. C’était la seule méthode validée pour commercialiser un produit solaire », souligne Jean-Paul Chapel, chercheur au CNRS au centre de recherche Paul-Pascal de Bordeaux. Ce protocole in vivo, invasif, coûteux et de plus en plus critiqué sur le plan éthique est aujourd’hui remis en cause, notamment par les travaux de son équipe, dont l’ambition est de s’appuyer sur des nouvelles normes in vitro.

L’équipe bordelaise a mis en œuvre une méthode expérimentale originale dont les résultats viennent d’être publiés1. Les tests in vitro actuels peinent encore à prédire la réalité de la protection proposée par les produits, car « ils reposent souvent sur des hypothèses simplificatrices : un film uniforme, un étalement idéal, ou des modèles ajustés a posteriori pour coller aux résultats in vivo », précisent les chercheurs.

Mais, en déposant des crèmes sur des plaques de PMMA (un plastique transparent standard pour les tests), puis en utilisant la photographie UV et la profilométrie optique, ils ont pu cartographier précisément la morphologie des films après application manuelle. Résultat : même avec un protocole rigoureux, la crème forme des stries, des zones plus fines ou plus épaisses, et parfois des micro-trous. Cette hétérogénéité entraîne des variations importantes de l’absorbance (capacité du milieu à atténuer la lumière qui le traverse, ici les ultraviolets) et du FPS mesuré.

Mais c’est surtout sur le plan théorique que leur contribution est majeure. « Nous avons généralisé une loi d’absorption (loi dite « de Beer-Lambert » – NDLR) à des échantillons hétérogènes, en supposant que leur épaisseur suit une distribution aléatoire », expliquent les auteurs. Cette approche mathématique permet de relier explicitement l’absorbance mesurée à trois grandeurs : l’épaisseur moyenne du film, son coefficient de variation et un nouveau paramètre baptisé coefficient d’atténuation linéaire.

Ce dernier, propre à la composition chimique de la crème, permet de distinguer l’effet de la composition........

© L'Humanité