François Bayrou : quelques miettes pour la gauche, le gâteau pour la droite et le patronat
Lors de sa déclaration de politique générale, le premier ministre François Bayrou a fait quelques gestes vers la gauche, notamment concernant la santé. Mais il s’arc-boute sur la dette et a proposé un « conclave » en lieu et place d’une suspension de la réforme des retraites. Le compte n’y est pas, estiment la plupart des députés de gauche. Une motion de censure devrait être examinée jeudi 16 janvier.
Pas sûr que le premier ministre survive à son poste plusieurs mois. François Bayrou en a d’ailleurs plaisanté dès le début de son intervention devant les députés, ironisant sur les « 84 % de Français qui pensent que le gouvernement ne passera pas l’année ».
Ainsi assailli, et se déclarant « contraint au courage », il a d’emblée annoncé que de tous les maux qui frappent la France, le premier serait celui de la dette. Les responsables seraient même devant lui : « Tous les partis dits de gouvernement ont une responsabilité dans la situation créée ces dernières décennies », a-t-il asséné, sans oublier « tous les partis d’opposition » qui, « demandant sans cesse des dépenses supplémentaires, ont dansé aussi le tango fatal qui nous a conduits au bord de ce précipice ».
Une fois les esprits saisis par cette attaque frontale, restait à savoir comment François Bayrou compte résoudre le problème. En augmentant les recettes fiscales ? Certainement pas.
Le premier ministre a donc annoncé une nouvelle cure d’austérité. Le tout en passant par une procédure budgétaire, qui reprend mercredi 15 janvier au Sénat, ne permettant pas l’adoption de recettes supplémentaires. Les dépenses seront donc sabrées. Et pour financer les investissements, François Bayrou compte sur une privatisation « des biens immobiliers de l’État ».
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L’argument de la dette, ici utilisé contre notre modèle social, a également été très rapidement utilisé concernant nos retraites. Sur les 1 000 milliards d’euros de dette nouvelle creusée en dix ans, François Bayrou a estimé que la moitié serait imputable à notre système de retraites, au motif que l’État emprunterait « chaque année » 45 milliards d’euros........
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