Dans l’Yonne, sur les traces de Robert Liebknecht, peintre méconnu d’une histoire oubliée
L’historienne Dominique Villaeys-Poirré a rassemblé des œuvres et des documents inédits permettant de retracer l’histoire de ce représentant du courant réaliste-expressionniste allemand, fils de Karl Liebknecht. L’exposition présentée à Saint-Clément, près de Sens (Yonne), se concentre sur la période 1939 et 1943, quand l’artiste a fait partie des milliers d’étrangers « incorporés » dans des camps de travail en France.
Des portraits aux couleurs généreusement plaquées sur la toile. D’autres, justes saisis au crayon ou au fusain sur des bouts de papier. Avec comme constante, des regards chargés d’expression et un attachement à montrer les corps des gens du peuple, souvent comme écrasés par le poids du travail, du désespoir ou de la traque.
Quelles que soient les conditions d’exercice de son art, Robert Liebknecht, peintre franco-allemand né en 1903, semble s’être toujours attaché à ne jamais « fixer » les hommes, les femmes ou les lieux mais à leur insuffler la vie, le mouvement, notamment par ses touches de peinture aux teintes vives, saturant le tableau au point de rendre sensible jusqu’à l’agitation d’une scène de rue. Aux heures calmes, le pastel et des traits plus horizontaux traduisent l’apaisement devant des paysages du sud de la France.
Pour la première fois depuis au moins quarante ans, sont présentés au public des originaux du peintre, ainsi que des reproductions et des documents inédits, aux Trois granges à Saint-Clément, près de Sens (Yonne). Une initiative portée par Dominique Villaeys-Poirré, avec le soutien de militants locaux, dont les Amis de l’Humanité de l’Yonne, engagés dans la défense des droits humains et l’aide aux étrangers.
Depuis plus de trois ans Dominique Villaeys-Poirré s’est faite enquêtrice pour retracer l’histoire de Robert Liebknecht, ce peintre en passe de tomber dans l’oubli en France, où il a pourtant vécu jusqu’en 1994, année de sa mort, à 91 ans, à Paris.
« Je suis arrivée à Robert par son père, Karl, seul député allemand (du parti social-démocrate) à refuser ostensiblement de voter les crédits de guerre en décembre 1914. Pacifiste convaincu, il fut envoyé sur le front où il refusa de se servir d’une arme. © L'Humanité
