ArcelorMittal : Cédric, Aline, Philippe, Emerson… découvrez les témoignages de ces damnés de l’acier
L’annonce de la suppression de plus de 600 emplois, dont la moitié à Dunkerque, a ravivé la colère des salariés d’ArcelorMittal, confrontés depuis des années à la dégradation de leurs conditions de travail. L’Humanité magazine est allée à leur rencontre pour recueillir leurs témoignages face à une multinationale qui privilégie les profits au détriment de l’emploi et de l’avenir industriel du pays.
L’annonce de la suppression de plus de 600 emplois sur sept sites dans le Nord, dont la moitié à Dunkerque, début avril, a confirmé les appréhensions des salariés d’ArcelorMittal. Depuis des années, ils constatent la déliquescence des installations, la dégradation de leurs conditions de travail et subissent le mépris de la direction. Malgré les 300 millions d’euros d’argent public versés chaque année par l’État, la branche française du groupe, qui enregistre ses profits au Luxembourg pour échapper à l’impôt et arroser ses actionnaires, tergiverse sur son projet d’acier vert. Dans ce contexte, sauf à nationaliser l’entreprise, la fermeture à court terme des derniers hauts-fourneaux de France paraît inéluctable. L’Humanité magazine est allée à la rencontre de ces salariés en colère, qui refusent de voir leur vie brisée par les stratégies financières de la multinationale de l’acier.
Cédric Crèvecœur
Sidérurgiste sur le site d’ArcelorMittal-Mardyck
« Dans la région, sans le vouloir, on fréquente toujours un sidérurgiste », pointe Cédric Crèvecœur, 34 ans, qui exerce ce métier depuis quinze ans chez ArcelorMittal. Il travaille sur la ligne de production à froid où les brames (grands lingots, NDLR) d’acier sorties de l’aciérie de Dunkerque, arrivent sous forme de coils (bobines épaisses) pour être laminées. Les plaques revêtues de zinc sont ensuite destinées à l’industrie.
Certes, son site basé à Mardyck ne fait pas encore les frais du plan de suppression d’emplois annoncé le 23 avril dernier. Mais celui de Dunkerque, voisin, n’est pas épargné. « Et qui dit que ce ne sera pas notre tour bientôt si les hauts-fourneaux ferment et que nous perdons notre principal fournisseur d’acier ? », s’interroge Cédric, qui craint des conséquences en cascade sur toute la région si une telle « catastrophe » devait arriver. Le trentenaire, qui est sur le point de devenir une deuxième fois papa, se pose « évidemment beaucoup de questions sur (son) avenir ».
« Si ArcelorMittal tombe, c’est l’ensemble de l’industrie du nord qui va tomber » : pourquoi il faut nationaliser les hauts-fourneaux
Un peu amer, Cédric se rappelle s’être battu pour intégrer ArcelorMittal qui, il y a quinze ans, rimait avec sécurité de........
© L'Humanité
