Golshifteh Faharani : « Le cinéma indépendant représente mieux les États-Unis que Trump »
Golshifteh Farahani préside cette semaine le jury du 51e festival du film américain de Deauville. L’occasion de s’entretenir avec l’actrice engagée franco iranienne de l’état inquiétant du septième art et du monde.
D’un coup, elle sourit et lève le poing au milieu de la brasserie d’un grand hôtel parisien. Elle est comme ça, Golshifteh Farahani, sans filtre et enthousiaste. Surtout lorsqu’on évoque avec elle la « réussite » du mouvement iranien « Femme, vie, liberté ». C’est cet esprit combatif que l’actrice franco iranienne, actuellement à l’affiche d’Alpha signé Julia Ducournau, va ausculter dans les films qu’elle devra juger en tant que présidente du jury du festival du cinéma américain de Deauville. Un cinéma qu’elle connaît bien, que ce soit à travers les franchises Pirates des Caraïbes et Tyler Rake, ou devant la caméra de Ridley Scott et de Jim Jarmusch.
Vous êtes présidente du festival du cinéma américain de Deauville. Qu’est-ce que cela représente pour vous, actrice iranienne qui faites le pont entre les cinémas français et américain ?
Le mot « président » me fait trembler quand on voit ce que sont de nombreux présidents dans le monde : des fous. Alors, je me suis demandé ce que voulait dire présider en me rappelant de tous ceux avec qui j’ai siégé dans différents festivals. La meilleure façon de faire est d’écouter et d’offrir un espace de discussion aux autres. C’est un festival du cinéma indépendant américain à l’heure de Donald Trump. Nous, artistes du jury, nous n’avons qu’un seul passeport, celui d’artiste justement. Nous appartenons à la même nation qu’on soit Américain, Français, Iranien ou Brésilien. Il faut nous montrer unis. Dans ce monde dingue, nous devons créer une indépendance de la culture, un pays dans lequel nous réfugier.
Vous avez grandi en Iran. Quels ont été vos premiers contacts avec le cinéma américain ?
Tous les mardis, entre mes 10 et 15 ans, il y avait une émission à la télévision qui s’appelait « D’autres cinémas ». C’est là que j’ai découvert le cinéma de David Lynch ou Jim Jarmusch, avec Coffee and cigarette. Ma cinéphilie n’a pas commencé avec les films européens mais bien le cinéma indépendant américain. Et puis, il y avait le marché parallèle de cassettes Betamax puis de DVD, avec des dealers de films comme il y a des dealers de drogue. J’ai découvert Star Wars comme ça mais aussi le cinéma russe, allemand ou japonais.........
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