En février et mars 1965, l’Humanité publiait en exclusivité mondiale une série de dix reportages de Madeleine Riffaud, au cœur du maquis Viêt-cong. Décédée en novembre 2024, la grande reporter, poétesse et ancienne résistante y décrivait les atrocités commises par les États-Unis, le courage des femmes du front, et ne pouvait s’empêcher d’exprimer sa colère, ainsi que son admiration pour le peuple sud-vietnamien.

17 février 1965 – Pourquoi les paysans de Bien Hoa ont détruit 37 bombardiers et hélicoptères américains

Quand, la nuit, couchés dans notre hamac, nous entendons un coup de feu, un seul, nous savons qu’au repas du lendemain il y aura de la viande. Notre chasseur n’a jamais besoin de tirer deux fois. Et il déchiffre les traces des bêtes dans la forêt, comme le dernier des Mohicans. Ce qui ne l’empêche pas de parler un français impeccable, appris visiblement dans les livres et truffé de citations puisées dans les classiques…

Le jour où, essayant ma première paire de sandales « viet congs », en pneu d’auto, il me demanda : « Est-ce que cela vous sied ? » ; la nuit où piqué par un scorpion noir et grelottant de fièvre il trouva, en bon Sud-Vietnamien, l’occasion d’en plaisanter en paraphrasant Voltaire : « Que croyez-vous qu’il arriva ? Ce fut le scorpion qui creva », j’eus la confirmation que le chasseur de grands fauves avait été à l’origine aussi peu fait que moi pour la vie d’homme des bois.

18 février 1965 – « Bombes silencieuses », haricots empoisonnés et abeilles en colère

Il est absolument impossible, si l’on n’est pas dans le secret, d’échapper aux pièges de toutes sortes que les paysans ont inventés, différents pour chaque village, et sans cesse perfectionnés depuis tant d’années… Il n’en coûte à la population qu’un peu de peine et quelques bambous pour créer, des Hauts Plateaux au riche delta du Mékong, une véritable force de dissuasion qui terrorise aussi bien les théoriciens de la « guerre spéciale » que les fantoches.

Car, enfin, quel armement ultra-moderne peut vous protéger de ces trappes où l’on se fait passer au fil du bambou, de ces « bombes silencieuses » hérissées de dards qui tombent des hauteurs des arbres sur la piste, libérées par le simple fait de marcher sur une liane parmi les autres.

« Vietnam, la naissance d’une nation » sur Arte : 30 ans de lutte pour l’indépendance racontée par ceux qui l’ont vécu

19 février 1965 – Elles portaient la robe rouge, couleur du sang versé

Chaque femme tombée dans cette lutte pour sa patrie et son village, qu’elle soit bouddhiste ou communiste, ouvrière ou........

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