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« Nous sommes seuls, l’État ne veut pas nous aider » : en Indonésie, les derniers témoins des massacres anticommunistes craignent que justice ne soit jamais rendue 

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09.10.2025

Dans la foulée de la prise de pouvoir du général Suharto, en 1965, avec le soutien tacite des États-Unis, des massacres de masse ont été perpétrés en Indonésie. Une purge d’État a ciblé les communistes, mais aussi les syndicats, intellectuels, professeurs et paysans, entraînant la mort de 500 000 à 3 millions de personnes. Les survivants continuent de réclamer justice et vérité.

Attablé dans un restaurant du centre de Jakarta, Bedjo Untung, 77 ans, rassemble ses souvenirs. « En 1965, je vivais dans le centre de Java. Quand j’ai vu les militaires arrêter des gens, brûler des maisons, j’ai fui. » Car, après l’assassinat de six généraux attribué au PKI, le Parti communiste indonésien, une terrible vague de répression s’est abattue sur le pays.

Pendant deux ans, avec l’appui de Washington qui voyait en Suharto un rempart anticommuniste dans la région, l’armée a poursuivi les adhérents réels ou supposés du PKI, mais aussi les intellectuels, les professeurs, les artistes et les paysans. La communauté chinoise fut aussi visée. Entre 500 000 et 3 millions de morts : l’un des pires massacres du XXe siècle, perpétré pour briser l’ascension du communisme dans l’Indonésie postcoloniale, dans le contexte de la guerre froide.

« Je me suis caché cinq ans avant d’être arrêté en 1970. On me reprochait d’être le fils d’un professeur syndicaliste. Les militaires voulaient en finir avec tous les communistes. » Bedjo reste neuf ans en prison, sans procès, dans un camp de travaux forcés près de Jakarta. Torturé, privé de nourriture, il survit en mangeant « des souris, des serpents et des escargots ». Environ 600 000 personnes ont ainsi été détenues. Des libérations massives n’interviendront qu’en 1979, sous la pression de la communauté internationale.

Pour perpétuer la mémoire des victimes, Bedjo a fondé le YPKP 65,........

© L'Humanité