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La politique RH de Decathlon, une discipline de moins en moins gagnante

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Longtemps présenté comme un modèle de capitalisme vertueux, Decathlon est critiqué par ses salariés. Ils déplorent l’inégal partage de la valeur, un management encourageant la compétition et un dialogue social détérioré.

Non content d’être l’une des « enseignes préférées des Français », Decathlon truste aussi souvent le classement des entreprises où il fait bon travailler : « Great Place to Work 2022 », « Most Attractive Employers Universum 2024 », « HappyIndex Trainees 2024 »… Le site de recrutement de la marque au logo bleu et blanc regorge d’histoires de salariés évoquant chacune à leur façon les progressions de carrière à force d’abnégation et d’opportunités offertes par l’entreprise…

Non content d’être l’une des « enseignes préférées des Français », Decathlon truste aussi souvent le classement des entreprises où il fait bon travailler : « Great Place to Work 2022 », « Most Attractive Employers Universum 2024 », « HappyIndex Trainees 2024 »… Le site de recrutement de la marque au logo bleu et blanc regorge d’histoires de salariés évoquant chacune à leur façon les progressions de carrière à force d’abnégation et d’opportunités offertes par l’entreprise.

Ces parcours font la fierté de Decathlon qui se targue d’avoir 100 % de ses responsables de magasins issus d’une promotion interne, la moitié d’entre eux ayant débuté dans l’enseigne sans contrat à durée indéterminée, mais via un stage, une alternance, un CDD, voire un CDI à temps partiel. « Nous te recrutons avant tout pour ta personnalité, ta volonté de construire l’entreprise, ton adhésion à nos valeurs », déclare l’enseigne.

Son site de recrutement donne d’ailleurs les grandes lignes du parfait « Decathlonien » : entre collègues, le tutoiement est de rigueur ; sportif, autonome, avec un esprit entreprenant, le Decathlonien doit aussi être engagé pour l’intérêt général.

« Le bon Decathlonien, c’est quelqu’un d’investi, performant à la vente commerciale et un salarié citoyen engagé pour les communautés et les valeurs environnementales, sociales de l’entreprise », résume Pierre Rouxel, maître de conférences en science politique à l’Université Rennes 2, coauteur avec Anne Bory et Karel Yon du livre Decathlon ou les tactiques de la vertu (Presses de Sciences Po, 2025).

Fondé il y a tout juste 49 ans, le 27 juillet 1976 par Michel Leclercq, cousin germain de Gérard Mulliez (fondateur du groupe Auchan), Decathlon est devenu au fil du temps un géant de la distribution d’articles sportifs. Sponsor des Jeux olympiques de Paris, le numéro trois mondial du secteur emploie 23 000 salariés en France avec 57,4 % d’entre eux dédiés à la vente, 20,2 % aux services, 14,1 % à l’offre et la conception et 8,3 % à la logistique.

Détenu aujourd’hui majoritairement par l’Association familiale Mulliez (AFM), son chiffre d’affaires français de 4,73 milliards d’euros en 2024 a progressé de 22,52 % par rapport à 2019 et représente un quart de son chiffre d’affaires mondial. Avec 85,5 % de coéquipiers se déclarant « heureux » en 2024 (contre 89 % en 2023 et 91 % en 2022) d’après l’enquête annuelle interne et des chiffres commerciaux en progression, Decathlon incarnerait donc à merveille ce capitalisme tout à la fois performant et vertueux.

Un modèle d’entreprise libérée ?

Cette image d’entreprise modèle est issue de deux concepts qui........

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